Dans le cadre de l’exposition personnelle Machinal, Thierry Fournier
Villa Henry, Nice
Commissaire d’exposition Isabelle Pellegrini
Du 25 mars au 28 avril 2018
Isabelle Pellegrini présente Machinal à la Villa Henry, une exposition personnelle de Thierry Fournier qui fait suite à son accueil en résidence pour la création de En Vigie, associée ici à trois autres œuvres.
Une rencontre était organisée le 24 mars en présence de Thierry Fournier, Isabelle Pellegrini et Fabienne Grasser-Fulchéri, commissaire d’exposition et critique d’art, directrice de l’Espace de l’Art Concret à Mouans-Sartoux. Enregistrement intégral :
Aujourd’hui, de nombreuses images ne sont plus produites en relation immédiate avec l’œil humain, mais réalisées de manière autonome par des machines et des programmes. La plupart de ces « visions assistées » se déploient dans le domaine militaire ou sur le web (Google, Apple, Facebook…), la détection et l’anticipation du comportement employant souvent des moyens similaires à des fins sécuritaires ou mercantiles. Ces « machines intelligentes » analysent les images mais peuvent aussi réaliser des actions autonomes, comme dans le cas des drones. Dans ce contexte, comment se définit encore notre propre regard et où se place notre responsabilité ? Quel est notre rôle lorsque nous avons affaire à des systèmes qui ne prolongent plus seulement notre propre visée mais l’anticipent, voire s’y substituent ? Attendons-nous des machines qu’elles regardent à notre place – voire qu’elles nous regardent et nous définissent ? Que cherche-t-on à voir (ou à ne pas voir) à travers elles ?
La démarche de Thierry Fournier pose fréquemment l’hypothèse fictionnelle que les choses (objets, paysage, réseau, machines…) seraient dotées d’une vie propre, en instaurant des situations de déplacement ou de confrontation avec elles. Avec l’exposition Machinal, il fait dialoguer quatre œuvres où notre regard est indissociable de celui de ces appareils. Le terme de machinal désigne ici aussi bien une pensée qui ne prêterait plus attention à son objet (ou dont l’attention serait absorbée et captée par des dispositifs, comme sur internet) – que le regard produit par les machines elles-mêmes, de manière autonome : machinal comme on dirait animal. Les cadres classiques du regard comme la perspective et l’horizon se redéfinissent alors comme un territoire partagé, voire négocié, entre notre propre vision et celle que des dispositifs déploient sur le monde et sur nous-mêmes.