Projet

Colloque Versions, 2016, session avec Claire Malrieux, Jean Cristofol et Ann Stouvenel

Proposé et coordonné par Thierry Fournier (artiste, curateur et chercheur) et J. Emil Sennewald (critique, journaliste et enseignant-chercheur), le groupe de recherche EnsadLab Displays fait partie d’EnsadLab, laboratoire de recherche de l’EnsAD / Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs.

Displays vise à interroger et expérimenter les formes et les enjeux contemporains de l’exposition dans un contexte marqué par une présence du numérique et du réseau dans l’ensemble de la culture. Il constitue le premier programme doctoral de recherche-création en France dédié à l’exposition, dans une démarche de « recherche par l’exposition » et d’expérimentation.

L’évolution liée aux cultures du numérique a d’ores et déjà transformé les œuvres, les modes de collaboration, les pratiques curatoriales, la critique et la médiation, le public et son regard. Elle implique aussi une prise en compte de la matérialité du numérique et de ses processus, après une période historique marquée par une idéologie de la dématérialisation. Une porosité s’instaure également entre les pratiques, comme par exemple celles des artistes, des commissaires et du public dans le cas de la curation – pratique de réinterprétation et d’échange attestant du statut conversationnel des médias.

Une recherche par l’exposition

Prenant en compte l’ensemble de ces questions, notre recherche s’intéresse à la manière dont elles modifient la pensée et la pratique des expositions, autant pour les rôles de leurs acteurs, que les objets, les espaces et les réseaux qu’elles investissent. Notre approche est celle d’une recherche par l’exposition, celle-ci étant abordée comme situation d’expérimentation impliquant un ensemble d’acteurs, d’objets, de modes de production et de valorisation, d’espaces et de temporalités. L’exposition est considérée ici comme moment d’un processus davantage que son terme, expérimentable et discutable par ses différents acteurs (artistes, public, curateurs, muséographes critiques…), dans la perspective d’une approche critique de leurs interactions.

Ce programme s’articule autour de trois problématiques principales qui concernent aussi bien la forme même des expositions que les relations qu’elles entretiennent avec leur contexte. Elles sont rapidement présentées ici avec les axes de recherche et de création qu’elles peuvent susciter :

1. Quoi. Comment évoluent les objets de l’exposition, des « expôts » et œuvres vers les gestes, les situations performatives, les expérimentations et les processus de production ? Comment les éditions numériques (qui sont elles-mêmes des processus évolutifs et plus seulement des publications) et les formes mobiles contribuent-elles à de nouvelles formes curatoriales ? Comment interviennent les questions relatives à la reproductibilité et à la simulation ? Les expériences de co-création menées dans le cadre muséographique peuvent-elles aussi concerner les expositions en art ?

2. Qui. Comment évoluent les relations au public et par qui sont conçues les expositions ? Comment évoluent les attentes et les pratiques des spectateurs, la distribution (ou recouvrement) des rôles entre artistes, commissaires, critiques, muséographes, scénographes ? Comment le relier au contexte de la critique institutionnelle ? Comment expérimenter avec et en présence du public ? Sous quelle forme et avec quels enjeux l’interactivité participe-t-elle aujourd’hui aux formes curatoriales ? Quels sont les objectifs et enjeux de la participation et notamment des réseaux sociaux dans les musées et les expositions ?

3. Où. Comment évolue l’espace et les lieux de l’exposition ? Une partie importante de l’accès à l’art et à la culture s’effectuant désormais en ligne, comment évolue la spécificité d’expérience des expositions ? Quelles formes s’inventent-elles alors dans un dialogue entre l’espace réel et le réseau ? Comment relier l’espace collectif de l’exposition et la pratique individuelle du web et des mobiles ? Comment mettre en œuvre une critique et une émancipation vis-à-vis des logiques de l’économie de l’attention ? Comment qualifier et critiquer les relations entre musées, expositions en ligne et bases de données ?

Dernière publication

Thierry Fournier, J. Emil Sennewald et Pauline Gourlet, Recherche par l’exposition et condition post-numérique, Proteus Journal 10 | 2016, Le Commissariat comme forme de recherche. La version anglaise de cet article sera publiée le 5 septembre 2016.