L’exposition comme acte : Guantanámo @ John Jay College

Après que le Centre de la Photographie Genève a montré, moyennant les œuvres de la photographe américaine Debi Cornwall, « un autre visage de Guantanamo », c’est à New York City, dans les couloirs du John Jay College of Criminal Justice, un département de la City University of New York à Midtown Manhattan, que la figure de la détention se révèle. « Ode to the sea » montre 36 pièces fait par huit détendus, dont quatre ont été relâchés.

Un acte curatorial qui porte moins sur le valeur esthétique des pièces que sur le statut judiciaire de leurs auteurs. Il a déclenché une vague de publications et un débat publique sur celui-ci : désormais, le gouvernement des États-Unis a interdit que ces pièces soient emportées par des avocats pour être exposées en liberté. L’administration menacent les détendus à réduire leurs pièces « en cendres » et qu’ils seront expropriés de leur travail.

Un cas d’étude pour Displays : l’exposition fonctionne par sa viralité à travers des différents médias, et instrumentalise, comme on l’a pu voir partiellement lors de la documenta 14, ses objets comme moyen pour des fins politiques. Ceci change le statut de l’exposition et de sa curatrice, la professeure du crime en art, Erin Thompson : elles deviennent vecteurs d’émancipation et de mise en question des limites – de l’état, de la justice, de l’art. À suivre …

Source : Art from Guantánamo Bay

Geert Lovink, On the social media ideology

«Now that we live fully in social media times, it has become pertinent to do precisely that: link techne with psyche.» … «What remains particularly unexplained is the apparent paradox between the hyper-individualized subject and the herd mentality of the social.» … «One function of ideology as defined by Louis Althusser is recognition, the (in)famous interpellation of the subject that is being called upon.»

L’essai publié sur e-flux arrive bien a circonscrire les enjeux actuels d’idéologie. Même si il manque de retourner la question d’idéologie sur elle-même – comment l’idéologie apparente devienne-t-elle le propre des i-industries et donc leur contradiction – il est tres utile pour penser la question de la critique aujourd’hui et notamment celle de l’exposition.

Entretiens avec Anthony Masure

En deux courtes interviews, du design des programmes à l’émancipation d’une culture post-numérique, du code à la poésie et de Simondon à Pierre-Damien Huyghe en passant par Yves Bonnefoy, Anthony Masure soulève beaucoup de questions directement liées aux recherches de Displays. A suivre !

Source : Entretiens-Anthony Masure

07-2016 – Publication : Recherche par l’exposition et condition post-numérique

Publication : Thierry Fournier, J. Emil Sennewald et Pauline Gourlet, Recherche par l’exposition et condition post-numérique, Proteus Journal #10, Le Commissariat comme forme de recherche [en ligne], publié le 10 juillet 2016. La version anglaise de cet article sera publiée le 5 septembre 2016.

Abstract

Nous considérons que l’exposition comme forme de recherche doit être abordée dans le contexte d’une condition post-numérique, caractérisée par une présence désormais généralisée du numérique et du réseau. Nous développons dans cet article l’incidence de cette condition, en montrant comment elle a déplacé la question du commissariat vers le curatoriat et la curation et comment elle a transformé les interactions entre acteurs, objets et espaces et déplacé les méthodes. Plutôt que le seul commissariat, nous proposons alors d’aborder la notion d’exposition comme « pratique cognitive » qui provoque la pensée plutôt qu’elle ne la représente. Une recherche par l’exposition vise une émancipation de ses acteurs en plaçant ses composantes en situation transductrice : sujets, contextes, objets, espaces et dispositifs.

Mots-clés

Commissariat d’exposition, curatoriat, post-digital, émancipation, transduction

Extrait (introduction)

Sous l’emprise de l’industrie culturelle contemporaine, alors que les institutions, marchands et politiques cherchent à maximiser le profit symbolique de la culture, que les technologies numériques deviennent le quotidien de la « médiation » en art et de la muséographie, que les territoires du pouvoir de définition sont renégociés entre acteurs culturels et scientifiques sous le terme de « recherche », il devient capital de poser la question des conditions. Conditions de la recherche, de la culture, de l’exposition, qui sont largement remodelées par l’omniprésence du numérique et d’internet, qui ne sont pas arrivés à leur fin, mais, comme l’a formulé si justement l’artiste Hito Steyerl, « is all over ». Après les utopies, promesses et idéologies des « nouvelles technologies », après l’ubiquité du numérique, après l’économie de l’expérience et de la capture attentionnelle, après enfin que la sphère culturelle ait été transformée de manière fondamentale pour devenir un processus qui se regarde soi-même en train d’agir, comment peut évoluer la pensée des expositions et comment le commissariat peut-il constituer une forme de recherche ?

Pour limiter le champ d’analyse de cet article, nous nous concentrerons ici sur les expositions en art. Nous tenterons de définir ce qui caractérise une condition post-numérique et ce qu’elle a déjà changé aux processus d’exposition. Nous aborderons ensuite ce que serait une recherche par l’exposition, puis nous tenterons de dessiner les enjeux d’une pensée par l’exposition et en quoi elle serait redéfinie par une condition post-numérique. Nous interrogerons enfin les possibles réappropriations de ces dispositifs : comment les artistes et les commissaires peuvent-ils proposer une expérience émancipatrice ?

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